MORCEAUX À MORCEAUX

Carole ARBIC, Renée GÉLINAS et Patrycja WALTON

à la Galerie Arts Sutton du 30 mars au 30 avril 2017

Depuis de nombreuses années à l’édifice Grover, une ancienne usine textile de Montréal, elles ont toutes trois été engagées dans la coopérative Sauvons l’usine (2004-2006), laquelle a mené, et gagné, une bataille publique pour préserver les ateliers d’artistes dans le bâtiment menacé de transformation en condominiums, une première au Québec et au Canada. Elles ont été du groupe qui a fondé et organisé La Virée des ateliers (2009), une expo-vente annuelle de quatre jours d’une centaine d’ateliers ouverts en arts visuels, métiers d’art et mode, maintenant un événement couru par le tout Montréal et inscrit dans les événements d’intérêt touristique. Renée Gélinas a quitté la Grover en 2015, elle est devenue membre de l’Atelier Circulaire en 2011 et fait dorénavant sa production artistique principale en arts imprimés.

Ces trois artistes visuelles ont en commun une approche de fragmentation dans leur travail qui se traduit dans des assemblages de pièces et de morceaux, que ce soit par l’application de la peinture, par l’usage de rebuts et de fragments d’objets usuels ou par la répétition, la découpe et le réagencement de matrices. Elles défont et raccommodent, recomposent et tissent. Les trois créent des œuvres dont les sujets (pour Walton), les procédés et techniques (pour toutes) sont inspirés des traditions artisanales féminines et par plusieurs années à créer en atelier dans cette ancienne manufacture qui a employé principalement les femmes du quartier.

Artiste captivée par la nature dans son changement perpétuel, CAROLE ARBIC explore les effets de divers matériaux, (tissus, cordon, dentelles, dessins, cartes géographiques…) amalgamés avec des morceaux rescapés de ses propres toiles et palettes qu’elle intègre à ses compositions. Elle invente un monde. Elle déchire, découpe, détruit à la manière d’une danse improvisée, pour mieux construire et mettre en relation les différents éléments d’un puzzle. Des lignes déambulent sur des surfaces colorées et naissant d’un geste libre ou contrôlé, tracés et fragments trouvent leur place.

RENÉE GÉLINAS crée des œuvres abstraites et denses. En peinture, sur un début gestuel, spontané et selon certaines consignes de départ, elle vient surimposer des éléments construits de motifs répétitifs qui font penser à des pièces de tissu. En arts imprimés, elle recycle des morceaux de certaines matrices, et recompose des oeuvres par la duplication, la multiplication des couches ou le recadrage, renouvellant et multipliant les lectures. Les motifs qu’elles utilisent, en plein ou en cache, sont les lettres de son vocabulaire, qui associées deviendront des formes/mots – bâtons, baguettes, rayures, lignes, spirales - et qui, à leur tour combinées, formeront un poème visuel.

En partie autobiographique, le travail en sculpture de PATRYCJA WALTON traite de la destruction, de la transformation et de la métamorphose, à l’image du phénix ressuscitant de ses cendres. Sa pratique repose sur son expérience dans les arts traditionnels féminins. Après avoir brisé des objets domestiques à l’aide d’un marteau (vaisselle, bouteilles de verre, tasses de thé), WALTON en retisse et recolle les fragments dans la confection d’œuvres tridimensionnelles, délicates et fragiles, qui parodient la perception de sa vision oculaire.